Notre analyse politique du voeu de la majorité Socialiste - Nupes de Colomiers
Tout d’abord, grande surprise de voir cet écrit (il est en bas de l'article), présenté par la présidente du groupe socialiste associé à une élue communiste, ressemblant à un simple racolage électoral populiste qui transpire l’esprit de la Nupes. Nous allons seulement nous attarder sur les contrevérités annoncées car pour avoir un débat sain et sérieux, il faut exposer des arguments basés sur des faits et non des inventions ou affirmations sans démonstration. Ensuite, chacun est libre de penser par soi-même et ne doit pas être contraint à la pensée unique, nocive pour notre démocratie.
Je vais tâcher de prendre les éléments dans l’ordre, le voeu socialiste affirme que cette réforme allonge la durée de cotisation à 43 ans, or cette allongement a été voté par les socialistes lors de la réforme avec de Marisol Touraine en 2016, ministre de François Hollande. En effet, c’est cette ministre socialiste qui a fait passer la durée de cotisation de 41 ans à 43 ans pour obtenir le taux plein.
Ce gouvernement socialiste a également augmenté des impôts notamment pour les femmes ayant eu plus de trois enfants, diminuer les pensions et donc allonger la durée de cotisation pour permettre le financement de leur réforme des retraites.
Ensuite, nous lisons qu'un sondage est mis en avant, sans dire lequel, nous proposons de voir pour appronfondir l'idée, le sondage Ipsos Steria de Février 2023 intitulé “Les Français, la réforme des retraites et le rapport au travail” auprès de 1100 personnes :
74% des Français favorables à la mise en place d’une pension minimale de 1200€ pour les personnes justifiant d’un taux plein
66% des Français pour la fin des régimes spéciaux
63% des Français souhaitent que la pénibilité soit mieux prise en compte, notamment par rapport à la réforme Socialiste
S’en suis un argument d’autorité en citant “le président du COR”, les enseignants ici présents savent très bien que cela n’est pas très sérieux, mieux vaut encourager le raisonnement. Ici, seul le sujet des dépenses est abordé or il faut des recettes pour le régime de retraite par répartition. ça ne me semble pas juste de faire croire que l'État peut compenser sans fin le déficit cumulé.
Je cite donc le fameux rapport du COR Page 11 :
Sur les 25 prochaines années, le système de retraite serait en moyenne déficitaire, quels que soient la convention et le scénario retenus. À plus long terme, la situation financière du système de retraite dépendrait fortement de la convention et du scénario retenus. Avec la convention EPR (équilibre permanent des retraites), le solde du système de retraite resterait négatif à moyen terme dans l’ensemble des scénarios et ne reviendrait progressivement positif que dans le scénario 1,6 %
Je m’arrête ensuite sur vos 33% pour exprimer le taux d’emploi des + de 60 ans, ce chiffre donné hors contexte est anormal car il laisse croire que 67% des 60 ans et + est au chômage, ce qui est totalement faux et vous le savez très bien, ce taux vient d’un rapport de la DARES pour La Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques qui reprend les données Eurostat de 2022
Dans ce rapport, nous lisons que le chômage des 60-64 ans est de 6,9%, chiffre confirmé par une étude Pole Emploi / Apec et j’espère bien que le taux de personnes à la retraite augmente après 60 ans, il faut aussi le déduire de vos chiffres trompeurs.
Ensuite, il est annoncé une estimation attribuée au COR, elle vient de la dress, je me permets donc de mettre ce “cherry picking” dans son contexte : “Ces masses sont à mettre en regard des économies prévues pour le système de retraite, et devraient en toute logique, être retranchées à celles-ci dans l’analyse de l’ensemble des risques sociaux – ce qui conduirait alors à réduire d’environ 10 % à l’horizon 2017-2020 les économies réalisées en termes de pensions de retraite versées.”
Pour ce qui est de l’argument de l’inégalité face à la mort : «Nous voulions montrer l’inégalité devant la mort en fonction du niveau de vie : c’est un repère», explique Julien Guillot, data journaliste chez Libération, pas forcément connu comme journal anti-gauche..
Mais comme le remarquent Michaël Zemmour et Ulysse Lojkine dans leur billet, cet indicateur est une construction fictive, qui part du principe que les personnes auront, toute leur vie, les conditions de mortalité par sexe, âge et position dans l’échelle des niveaux de vie observées en moyenne pendant les années 2012 à 2016.
Or ces données, à commencer par les conditions de mortalité, évoluent au cours de la vie. «Une part conséquente des personnes connaît dans sa vie des phases de grande pauvreté et des phases plus favorables, de telle sorte qu’on ne sait pas si 1 %, 2 % ou 5 % des personnes restent toute leur vie parmi les 5 % les plus modestes», estiment-ils.
Par ailleurs, les 5 % des hommes les plus pauvres sont ceux qui ont un niveau de vie mensuel moyen de 466 euros par mois. Cette catégorie n’est donc «pas ou très peu en emploi, et à ce titre n’a pas ou très peu de droits à la retraite», objectent Michaël Zemmour et Ulysse Lojkine. Ce qui ôte un peu plus de pertinence encore à la présentation retenue par Laurent Berger assurant que la statistique concernait les «travailleurs».
Ils observent aussi, en s’appuyant sur les mêmes chiffres, «que dans cette population, ceux qui meurent avant 62 ans sont déjà, pour la moitié d’entre eux, morts avant 55 ans […], bien avant la retraite à toute époque»
Pour l'affirmation pour 2070, il s'agit d’une hypothèse possible parmi d’autre, voici l'entièreté de la citation :
Avec la convention EEC (Effort de l’État Constant : stabilisation retraite en part de ressources affectées PIB), le système de retraite reviendrait progressivement à l’équilibre dans trois scénarios sur quatre. Le solde varierait entre -0,7 % (scénario 0,7 %) et 1,5 % (scénario 1,6 %) du PIB en 2070.
Pour la suite, la partie sur les 18 - 20 est tout simplement erronée. Ces personnes ayant commencé à cotiser entre ces deux âges pourront partir à 62 ans, les seuls qui feront 44 années d’annuités seront potentiellement ceux ayant débuté entre 18 ans et 18 ans et 3 mois et cela n’entrera qu’après 2030.
Rappelons que la durée de cotisation n’est pas un plafond mais un plancher ! Rappelons aussi qu’avant 2003, il y avait jusqu’à 8 ans d’écart, cette réforme réduit drastiquement les effets de seuil inévitables avec ce système.
Après, chacun est libre de penser que ce projet de loi est bon ou non, qu'une réforme est nécessaire ou non, le plus important est de respecter l'avis des autres, d'argumenter avec des preuves validées, certifiées et sérieuses.